Solo exhibition
Exposition personnelle
13.05.2022—02.07.2022
Galerie Loevenbruck
Paris, FR
Dessins aminés Philippe Mayaux
Si le choix de la peinture figurative effectué par Mayaux au début des années 1980 pouvait paraître « rétrograde » aux yeux de ses professeurs de l’école d’art de Nice, son intérêt récent pour les formes « natives », sa dilection pour l’aléa et le hasard le rendent suspect d’une régression plus grave encore, plus lourde de conséquences.
À plusieurs reprises déjà, il a flirté avec l’« esprit de la grotte ». Il s’est passionné pour les « grotesques », pour ce vertige archéologique d’un délire associatif. Un hasard des plus « objectifs » avait fait que la découverte des grotesques antiques était le fruit de recherches archéologiques menées dans la Maison dorée de Néron, enfouie plusieurs mètres sous terre. Ce qui passait pour être une grotte donna son nom à ce décor romain.
Livrant ses images au caprice d’une encre versatile, Mayaux s’aventure dans des grottes plus anciennes. La régression liée à cette exploration avait été dénoncée en son temps par un marxisme qui résumait la foi d’une époque dans le progrès que promettaient la science et la technique. Évoquant le stade d’une culture sous l’emprise de la nature, Friedrich Engels évoquait un « reliquat […] de ce que nous appellerions aujourd’hui stupidité. À la base de ces diverses représentations fausses de la nature, de la constitution de l’homme lui-même, des esprits, des puissances magiques, etc. (1) ». Mayaux n’a pas cessé de revendiquer cette « stupidité ». Face à l’insouciance aveniriste des héros modernes, Sigmund Freud avait campé une humanité plus complexe. « Sommes-nous en droit d’admettre la survivance du primitif à côté de l’évolué qui en est émané ? […] Nous rencontrons aujourd’hui encore toutes les modalités de vie les plus simples parmi les espèces vivantes. Celle des grands sauriens s’est éteinte pour faire place aux mammifères, et pourtant un représentant authentique de cette espèce, le crocodile, vit encore au milieu de nous (2). »
Mayaux est de ces grands sauriens… L’ironie avec laquelle il traite la science, les lois de l’évolution, les règles d’une perspective qui signe une maîtrise du monde relève d’un projet on ne peut plus cohérent, un projet par lequel s’éclairent, au-delà de l’anecdote d’une iconographie fantasque, ses liens avec le surréalisme.
Didier Ottinger, extrait du texte « L’envers est dans le fruit. », 2022.
1. Cité in Jean-Claude Lebensztejn, L’Art de la tache, Paris, Éditions du Limon, 1990, p. 106.
2. ibid., p.107.
Lire le texte de Didier Ottinger
À propos des œuvres exposées
If Mayaux’s choice of figurative painting at the beginning of the 1980s might have seemed “retrograde” in the eyes of his art school teachers in Nice, his recent interest in “native” forms and his taste for randomness and chance make him suspect of a regression that is even more serious, even more fraught with consequences.
On several occasions, he has already flirted with the “spirit of the cave.” He has been fascinated by “grotesques,” by the archaeological vertigo of an associative delirium. It was by a most “objective” coincidence that the discovery of antique grotesques was the result of archaeological research carried out in Nero’s Domus Aureau, buried several metres underground. What was thought to be a cave gave its name to this Roman décor.
Surrendering his images to the caprices of a fickle ink, Mayaux ventures into older caves. The regression linked to this exploration was denounced in its time by a Marxism that summed up the faith of an era in the progress promised by science and technology. Referring to the stage of a culture under the sway of nature, Friedrich Engels evoked a “relic [...] of what we would today call stupidity. At the base of these various false representations of nature, of the constitution of man himself, are spirits, magical powers, etc.”[1] Mayaux has always espoused this “stupidity.” Faced with the futuristic insouciance of modern heroes, Sigmund Freud had portrayed a more complex humanity. “But have we a right to assume the survival of something that was originally there, alongside of what was later derived from it? [...] and yet we find the simple forms still in existence to-day. The race of the great saurians is extinct and has made way for the mammals; but a true representative of it, the crocodile, still lives among us.”[2]
Mayaux is one of these “great saurians”. The irony with which he treats science, the laws of evolution, the rules of a perspective that signals a mastery of the world is part of a project that could not be more coherent, a project that, beyond the anecdote of a fantastic iconography, clarifies his links with Surrealism.
Didier Ottinger, from the text “The Work Has Turned” (L’envers est dans le fruit), 2022.
[1] Quoted in Jean-Claude Lebensztejn, L’Art de la tache, Paris, Éditions du Limon, 1990, p. 106.
[2] Sigmund Freud, Civilisation and Its Discontents, tr. James Strachey, Norton, 2010, p. 16.
Read Didier Ottinger's text
About the exhibited artworks
Vue de l’exposition de Philippe Mayaux, « Dessins aminés », galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
Exhibition view, Philippe Mayaux, “Dessins aminés”, galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.

Vue de l’exposition de Philippe Mayaux, « Dessins aminés », galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
Exhibition view, Philippe Mayaux, “Dessins aminés”, galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.

Vue de l’exposition de Philippe Mayaux, « Dessins aminés », galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
Exhibition view, Philippe Mayaux, “Dessins aminés”, galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.

Vue de l’exposition de Philippe Mayaux, « Dessins aminés », galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
Exhibition view, Philippe Mayaux, “Dessins aminés”, galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.

Vue de l’exposition de Philippe Mayaux, « Dessins aminés », galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
Exhibition view, Philippe Mayaux, “Dessins aminés”, galerie Loevenbruck, Paris, 2022.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.
