08.12.2018—18.03.2019

Papiers, 1949-2003
Gilles Aillaud

Nous présentons, nous voyons, nous tentons d’évoquer les œuvres sur papier de Gilles Aillaud qui pourtant se suffisent à elles-mêmes. Non comme une période d’un travail qui se déploie à partir de 1949, mais dans la logique d’un processus créatif cohérent. Papiers donc, au pluriel, incluant en particulier l’impressionnante série D’après nature – Encyclopédie de tous les animaux y compris les minéraux, réalisée entre 1988 et 2000 sur les presses de l’atelier de Franck Bordas. Des lithographies qu’il dessinait directement sur la pierre à par- tir de croquis recueillis au vif dans ces différents voyages en Afrique et en Grèce, à la rencontre des animaux en libertés. Sauvages – Paradoxalement ?  Gilles Aillaud est connu pour ses peintures consacrées aux animaux en cage insérés dans un univers conçu par l’homme, pour l’homme, pour son regard. Et le regard appréhende, saisi, capture. Une métaphore de l’aliénation de la pensée. La peinture de Gilles Aillaud se révèle, dans sa différence, telle une pratique de l’observation attentive, où l’évidence des choses, leur apparition, n’existe que dans une mise à jour et à distance. Philosophe, décorateur, scénographe, poète, auteur dramatique, Gilles Aillaud l’est, tour à tour et simultanément, dans la plénitude de sa démarche de peintre. « L’écriture était quelque chose de trop abstrait, trop frustrant, la peinture elle l’est moins que l’écriture, c’est une question de contact avec le papier1». Le papier, donc, dans son opacité révélatrice, sa densité, sa matité, sa sensualité. Le dessin, cela va de soi, comme point de départ et aboutissement, dans la continuité du geste, représenté par des œuvres de 1949 à 2003. Des petits et moyens formats (portraits de famille et d’amis), des aquarelles et des œuvres au crayon de couleur sur Skyros, mais aussi les grands papiers, ces paysages panoramiques qui inscrivent la nature dans la concrétude de l’espace. Sans Titre, (1992), Les Mouettes, (1992), Marée basse et mouettes, (1995), Vol d’oiseaux, (1998), Oies, (2000). 

Robert Bonaccorsi

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