Solo exhibition
Exposition personnelle
07.06.2024—31.07.2024
Galerie Loevenbruck
6, rue Jacques-Callot
Paris, FR
Heels over head Chloé Royer
Il y a trois ans s’est tenue la première exposition personnelle de Chloé Royer1. Elle se déroulait dans une pièce aux murs délabrés, au plafond très élevé, au parquet inégal et dont on disait que Karl Marx avait été locataire. Cette exposition, pour laquelle j’avais écrit un texte, était née d’un geste nous liant l’une à l’autre et venu sceller plusieurs années d’amitié : des prototypes de chaussures retrouvés dans un ancien magasin familial et donnés à Chloé. Elle avait travaillé plusieurs mois, cherchant ce qu’elle pourrait bien en faire. Face au polystyrène, au plastique, au similicuir, elle avait opté pour le bois. C’était la première fois qu’elle sculptait avec.
Depuis, Chloé a pratiqué d’autres médiums, modelé d’autres formes, qui dans leurs différences sont restées fidèles à ses obsessions. Une installation publique dans un parc nord-westphalien (We would survive but without touch, without skin, 2021) ; une performance teintant des tissus de fruits, de jus, d’écorce, cramoisis sous plusieurs heures de soleil (Variations des cœurs, 2021) ; des reflets déformés par l’eau, noyés dans des portraits, imprimés comme des photographies (Magma, 2023) ; ces mêmes reflets chorégraphiés dans une vidéo (Limb, 2023) ; des silhouettes chromées respirant en plein air (Tout ce qui tombe, 2023) ; des créatures de céramique, leurs tentacules cuits dans l’émail (Domna, Osmonde et Etmel, 2023).
Pourtant, au printemps de 2024, ce sont ces jambes qu’elle choisit de rechausser. Comme si ces sculptures n’avaient fait que leurs premiers pas, qu’il faudrait que ces excroissances poussent encore un peu. Aux nouveaux os répondent de nouveaux empilements, mais la composition reste identique : un heureux alliage de matériaux disparates, où le silicone enlace le bois, hissé depuis des socles en souliers. On y retrouve ce qui s’est depuis imposé comme une des signatures de l’artiste : la minutie du geste mêlée à la marque de l’usure, un vocabulaire formel d’ondes et de galbes rencontrant certains artifices de la féminité. Je pense à ces faux ongles assemblés en coraux, emberlificotés dans des maillages monumentaux (Xenophora [kiss], Xenophora [mother], 2022) ; à cette tresse de Raiponce, sa blondeur répandue au sol, dépassant depuis la fenêtre d’une ancienne école de garçons comme un appel à la fuite (Xenophora, Sila, 2022).
1. Chloé Royer, « There is a thing whose voice is one; whose feet are four and two and three », Karl Marx Studio Space, 23, rue de Lille, 75007 Paris
Three years ago, Chloé Royer held her first solo exhibition. It took place in a room with dilapidated walls, a very high ceiling and uneven parquet flooring, where it was said that Karl Marx had once been a tenant. The exhibition, for which I had written a text, was born of an action that bound us together and sealed several years of friendship: shoe prototypes found in an old family shop and given to Chloé. She worked on them for several months, trying to work out what she could do with them. Faced with all this polystyrene, plastic and imitation leather, she opted for wood. It was the first time she had sculpted with it.
Since then, Chloé has worked in other media, modelling other forms, which, for all their differences, have remained faithful to her obsessions. A public installation in a North Westphalian park (We would survive but without touch, without skin, 2021); a performance dyeing fabrics of fruit, juice and bark, crimson under several hours of sunlight (Variations des cœurs, 2021); reflections distorted by water, drowned in portraits, printed like photographs (Magma, 2023); these same reflections choreographed in a video (Limb, 2023); chromed silhouettes breathing in mid-air (Tout ce qui tombe, 2023); ceramic creatures, their tentacles fired in enamel (Domna, Osmonde et Etmel, 2023).
And yet, in the spring of 2024, it was these legs that she chose to return to. As if the sculptures had only taken their first steps, and needed to grow a little longer. The new bones were matched by new stacks, but the composition remains the same: a happy marriage of disparate materials in which silicone embraces wood, hoisted up from shoe-like pedestals. Here we find what in the meantime has become one of the artist’s signatures: the meticulousness of the action mixed with the signs of wear and tear, a formal vocabulary of waves and curves meeting certain artifices of femininity. I am thinking of these false nails assembled like coral, entangled in monumental meshes (Xenophora [kiss], Xenophora [mother], 2022); of Rapunzel’s braid, her blond hair strewn across the floor, sticking out of the window of an old boys’ school like an incitement to escape (Xenophora, Sila, 2022).
1. Chloé Royer, “There is a thing whose voice is one; whose feet are four and two and three”, Karl Marx Studio Space, 23, rue de Lille, 75007 Paris
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